CHARLEMAGNE 2 : PILTZER

2002 16mm coul opt 22’

On December 9, 1998, Charlemagne asked me to bring friends to his piano concert at an opening at the Gérard Piltzer gallery in Paris, and to bring a movie camera. I shot two rolls of super-8 tri-x at 9 frames per second and recorded the sound on mini-disc. I forgot about the rolls of film and left them undeveloped for a year and a half. When I found them and processed them as negative, I was surprised with the results and I blew them up onto 16mm positive high-contrast stock. I then contact printed the positive 16mm to negative 16mm and optically printed frame by frame through these positive and negative master rolls onto color negative stock through colored filters, following a precise notation of the concert music. I chose the following principles:

 

– The 6945 notes played in the concert correspond to 6923 frames of super-8 film that were shot. No frames are left out or printed twice.

– Speed of playing controls speed of frame succession.

– Discordant diminished fifths are translated into the following methods of visual discordance for the seven parts of the concert in an attempt to replicate in the visual cortex the harmonic overtones that arise in the temporal lobe when listening:

• Flicker between negative and positive,

• between opposites on color wheel (blue/yellow),

• between opposites in retinal cone sensitivities (red/green),

• between different flicker frequencies (frequencies beating in discordance);

• clusters of b/w negative and monochrome frames to create overtonal retinal afterimages,

• left/right screen masking and mirror image printing,

• crossfading between negative and positive images.

– When more than two notes are played, the additional colors correspond to the complexity of sound frequencies.

 

The final result is at once a diary film, a document of the concert, a structural flicker film, a hand-processed film, a graphic representation of music, and an attempt to apply cognitive principles in sensation and perception to film art.

 

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Le 9 Décembre, 1998, Charlemagne m’a demandé d’enmener des amis à son concert piano à l’occasion d’un vernissage à la galérie Piltzer à Paris, et d’emmener une caméra aussi. J’ai exposé deux bobines de Super-8 tri-x à 9 images par seconde (5 minutes d’images), et j’ai enregistré le son sur mini-disc (22 minutes de son). Je ne pensais plus à ces bobines, qui sont restées non developées pendant deux ans et demi. Quand je les ai retrouvées en juin 2001, je les ai traitées comme négatif. J’ai été surpris par le résultat et je les ai gonflées en pellicule 16 mm positive haute contraste. Puis j’ai tiré par contact le 16 mm positif sur du 16 mm négatif. En suite avec une tireuse optique, j’ai tiré image par image à travers ces bobines masters négatives et positives sur de la négative couleur à travers des filters colorés, en suivant une notation précise du concert. J’ai choisi les principes suivants:

 

- les 6945 notes jouées pendant le concert correspondent aux 6923 images de la pellicule super 8 qui a été tournée. Aucune image est omise, ni tirée deux fois.

- la vitesse du pianiste dirige la vitesse de défilement des images.

- les quintes diminués discordants dans la musique sont traduits en discordance visuelles, selon les méthodes suivantes, pour chacune des sept parties du concert, en essayant de répliquer dans le cortex visuel les harmoniques (overtones) qui se manifestent, en écoutant, dans le lobe temporel:

• oscillation entre positif et négatif

• oppositions sur la roue de couleur (bleu/jaune)

• oppositions de sensibilité des cones retiniennes (rouge/vert)[1]

• différents fréquences de clignotement (battements en dissonnance)

• groupements d’images noir et blanc négatives et monochromes pour créer des images fantômes harmoniques (overtones) retiniennes.

• masquages de l’écran droite/gauche et impression des images en miroir

• fondues enchaînées entre les mêmes images négatives et positives.

- quand plus de deux notes sont jouees, les couleurs additionelles correspondent à la complexité des fréquences sonores.

 

Le résultat final est à la foi un journal filmé spontané, un document-trace du concert, un film scilleur (flicker-film) structuraliste, un film traité à la main, une représentation graphique de la musique et un essai d’appliquer des principes de la science cognitive de la sensation et la perception à l’art cinématographique.

 



[1] Il y a trois types de cônes dans la rétine; chacun est sensible à des fréquences de lumière différentes. Chacun est excité par un couleur (rouge par exemple) et inhibé par son opposé (vert). Le neurone batte plus rapidement en présence du rouge et plus lentement en présence du vert. C’est ce simple fait biologique qui détermine par exemple qu’il ne peut pas y avoir un rouge verdâtre ou un vert rougeâtre. Mon idée est de donner à ces neurones un orgasme visuel (la musique comporte un élément d’érotisme similaire).